Cela fait bien 4 ans que je n’ai rien écrit sur mon blog après des vacances, après un covid et une guerre, difficile de voyager dans des endroits qui me tiennent à cœur. Cette année, j’avais réellement besoin de vacances, mais difficile de trouver du temps pour ça. Je me suis un peu forcé de prendre 5 jours. Il y a de ça bien 10 ans que je n’avais pas mis les pieds aux Baléares. Mon choix s’est tourné sur Majorque. Billet et hôtel booké, me voici en route pour me reposer sur cette ile. J’avais complètement oublié que cette ile avait été colonisée par les Allemands. Les menus, les conversations et les Espagnoles sont allemands. C’est un coup de gueule, car quand je vais en Espagne, je veux du terroir, je veux de la sangria. Pas des saucisses et des Hallo wie gest-es ? Cela aurait pu une autre population, j’aurais eu le même coup de gueule. Fin bref bien évidemment, je suis un grand fan d’Urbex, je n’ai pas peu m’empêcher d’en chercher dans la région un petit coin qui pourrait me détendre un peu.
J’ai demandé à l’Uber de me déposer en haut de la ville pour que je puisse la faire à pied jusqu’au port. Quel bonheur, je n’ai pas été déçu. Je me suis dit que j’allais essayer d’immortaliser des moments, des personnes plus que la ville en elle-même, car ce sont ces habitants qui la font vivre et pas l’inverse.
Mon expérience
C’était très enrichissant, cela faisait longtemps que je n’étais pas parti avec moi-même et pris le temps de savourer chaque moment. J’avais dans mes oreilles des musiques qui s’enchainaient, comme si le monde qui m’entourait avec une influence sur ma musique. Je m’en suis pressé de les mettre dans une playlist, car elles matchaient tellement avec la ville.
J’avais comme projet de faire des photos sur un élément central entouré d’ombre, d’obscurité. J’ai croisé une maman et son enfant allant au jardin d’enfants, pour avoir un bon angle de vue, j’ai attendu qu’ils s’éloignent un peu pour que je puisse rendre la photo.
Plus je m’enfonce dans la ville, plus je tombe sur des points intéressants. Des endroits qui n’avaient pas trop l’air d’être faits pour des touristes. Une foule de personnes suffisait à disparaitre. On tombait sur une autre ambiance si l’on marchait deux rues parallèles au-dessus. Cela créer un univers presque magique. J’ai pris le temps de me poser à des endroits et d’attendre la photo parfaite.
Et puis, me voici en face de cette enseigne. Calle Velazquez. Alors je fais de la photo, je suis une sorte d’artiste, mais malheureusement je ne m’intéresse pas trop à l’art. Une œuvre peut me parler, mais je ne vais pas plus creuser. Donc Diego Vélasquez est un peintre célèbre français décédé en Espagne. En revenant sur cette rue, bizarrement ce cadre, ce tableau me plait. Laissant passer la lumière donnant presque un côté biblique à ceux ou celles qui s’y aventurent. Je me suis mis dans un coin, puis j’ai attendu qu’une personne seule se baigne de cette lumière. 10, 15, 20, 30 45 minutes à attendre. Entre les véhicules qui passent, et la foule, difficile de faire cette photo. Et puis là, comme dans un célèbre film, la femme en rouge apparait. Le temps s’arrête lors de son passage, je devais prendre cette photo, je n’avais pas le droit à l’erreur. Je n’allais pas lui courir après pour lui demander de revenir sur ces pas. je shoot, puis je regarde la photo qui s’affiche sur mon appareil. Elle était là ! La photo. Ce moment de vie volé était juste devant moi. Je n’en revenais pas.
Très content et fier de cette photo, je m’en vais chercher de quoi me désaltérer pour trinquer à ma personne. Mégalomane dirais-tu ? Oui ! En même temps, je suis seul avec moi-même. Et je passe devant ce magasin de piercing. Mystic Tattoo. C’est vrai que mes boucles d’oreille sont classiques et que d’autre pourraient mieux m’aller. Donc je rentre chez ce perceur. Il ne possède pas le bijou que je voulais, je me dis que je vais en trouver ailleurs, mais avant de partir, je demande à la personne de l’accueil de me donner le prix pour un piercing au septum.
– 25 euros.
— J’ai dû mal comprendre.
— 25 euros me dit-elle.
Quand en Suisse tu le paies 4 fois plus cher, tu n’hésites pas. Mais j’ai quand même hésité. On me perce, j’ai des vertiges et je tombe presque dans les pommes. Oui, je suis un grand fragile. Je leur dis que je vais revenir, car avant ça je dois manger et boire pour justement éviter de mal finir. Étant en Espagne et qu’il est normal de manger local, je me commande une pizza et une bière histoire d’être bien rempli. Le destin a fait que la personne qui m’a servi possédait un piercing au septum. Bon c’est plus qu’un signe, je dois le faire. Me voilà de retour, je lui confirme, elle me fait payer 25 euros et reste plus qu’à attendre. Le perceur se présente à moi.
— Enchanté, Marc !
— De même Raphaël !
Je lui explique gentiment que je suis une grande feuille fragile et que je ne suis pas sûr de faire ce piercing. (mais j’avais déjà payé)
Il me dit que cela va aller, que ça fait mal 5 secondes et puis c’est tout. Il m’enfonce cette pince des enfers dans le nez pour localiser cet endroit uniquement pérçable. Après avoir pleurer toutes les larmes de mon corps, car il me tirait les poiles de nez, il me dit :
— Bon je vais y aller, tu es prêt
Moi le regardant avec mes yeux rouges et mes joues mouillées. — Oui
Il perça, et à ce moment la demoiselle de la réception est venue avec un éventail pour me donner un peu d’air. Je me sentais partir loin, j’ai vu là lumière au bout du tunnel et boom. Plus mal. Effectivement, c’est 5 secondes de douleur et puis plus rien. Il me met le bijou et voilà, je me lève comme un prince se levant de son trône. Et là, la salle commence à tourner, je leur dis que je DOIS m’assoir et comme par magie elle me donner un papier imbibé d’alcool qu’elle me fait sentir. Je ne sais pas d’où ça sort, mais ça marche. Tout est bien qui finit bien !
Je ressors vivant de cette expérience. Mon nez tape le tempo d’une bonne soirée techno. Mais ça va. J’ai déjà connu pire, j’ai déjà eu un rhume. Je continue ma découverte de la ville, à la recherche de clichés intéressants à faire. J’arrive gentiment à la fin de la ville. La tant attendue cathédrale de Palma (qui ne l’était pas, je me suis complètement trompé de cathédrale, mais dans ma tête à ce moment c’était la grande cathédrale.). J’arrive sur une place entourée de maison, assez cosy. Cette place dégage quelque chose d’intéressant et chaleureux.
La placa d’en coll
La placa d’en coll
Palma regorge de petites rues qui débouche sur des trésors. Je tombe sur cette petite rue avec une belle ombre. Je voulais retenter l’expérience avec la personne marchant seule en direction de la bâtisse. J’ai donc passé, comme pour la dame en rouge, beaucoup de temps dans un coin et j’ai attendu. Mais malheureusement, je n’ai pas eu la même chance.
Je vois une femme au loin qui me regarde prendre des photos. Je me dis tout naturellement que je fais quelque chose de faux. Elle s’approche de moi et me parle en Espagnole. Et c’est avec un naturel qui je lui réponds
– sorry – no abla espagnole
Elle continua à me parler en Espagnole et me pointant une porte puis le ciel. Alors même avec ma meilleure conviction, je ne comprenais pas. Puis un nouveau personnage fait son apparition dans notre conversation. Santiago. Ce bonhomme parle anglais et a pu me traduire toute la conversation. Il semblerait qu’elle possède l’immeuble et qu’en me voyant prendre des photos, il serait bien que je puisse prendre des photos depuis le toit.
Je n’y crois pas trop, un peu comme si l’erreur de ne pas pouvoir prendre cette personne marchant vers la cathédrale, on me propose une autre alternative. Et bon Dieu que je n’étais pas déçu. Elle me fait monter 4 étages. Chaque étage avait une histoire à raconter.
Imagine le stéréotype d’un appartement d’artiste espagnole. Un lit un sol, une petite table basse, la chambre dans la peine ombre qui laisse passer quelque rayon de soleil. C’était surréaliste. Et je me retrouve sur un toit, au milieu de Palma. Je ne savais pas quoi dire. Et cette femme avec son sourire me demande si je voulais monter sur cette échelle afin de pouvoir prendre de jolie photo depuis un point élevé. Puis je regarde cette échelle qui me crie au visage si tu me montes dessus je vais me casser deux. Et elle insiste en me disant qu’elle la tient et qu’il n’y a pas de soucis. Elle m’a déjà invité chez elle donc je vais faire l’effort de tenter de me casser la gueule sur cette échelle. Donc je monte, et ça va au final.
Après avoir joué avec la mort en tentant de prendre des photos sur un pied sur une échelle bancale, je décide de redescendre. Je me remets de mes émotions, la demoiselle continue de me parler en Espagnole, ce qui ne fait toujours par avancer le schmilblick, car en 15 min je n’avais pas appris l’Espagnole. Une fois en bas, nous retrouvons Santiago qui décida de m’offrir un smootie de son shop @kenabowls. J’ai passé un moment incroyable plein de bonheur et de gratitude. Sans rien demander en retour. Après avoir échangé nos contacts respectifs et m’avoir encouragé à revenir leur dire bonjour, je décide de rejoindre le bord de mer. Santiago m’a bien dit que je devais me perdre dans Palma, c’est la meilleure chose à faire quand on veut découvrir la ville.